Pour réaliser la 15ème vague de son étude sur l’équipement des salariés et des entreprises en garanties de prévoyance complémentaires, le CTIP a choisi de travailler avec l’institut de sondage IFOP. Frédéric Dabi, son directeur général, revient sur les particularités de ce baromètre de la prévoyance collective et les résultats qui ont le plus retenu son attention.
Vous dirigez l’IFOP qui réalise chaque année plusieurs centaines d’études sur la vie quotidienne des Français. Est-ce que le baromètre du CTIP est comparable à ces sondages ?
Frédéric Dabi : Je me dois de rappeler que ce baromètre a une longue histoire. Et en cela, il est assez différent de bon nombre d’études qui nous sont commandées dont la vocation est de saisir l’état de l’opinion à un instant donné. Toutefois, ce n’est pas seulement cette longévité qui a fait que nous nous sommes engagés dans cette aventure avec le CTIP. Ce qui nous a surtout intéressés, c’est l’originalité du dispositif. Il est assez rare en effet que les salariés et les entreprises soient interrogés en parallèle sur un sujet propre au monde du travail, notamment dans de telles proportions (1 011 entreprises interrogées !). Mais c’est encore plus rare pour ce qui est de leur équipement en matière de prévoyance ou de santé. De fait, ce baromètre est totalement unique et sans équivalent. Par conséquent, pour nous, il était important de le réaliser avec le plus grand soin afin de lui préserver son caractère spécifique. L’équipe Corporate &Work Expérience de l’IFOP, dirigée par Romain Bendavid, s’est beaucoup investie pour réaliser ce panorama complet de la protection sociale complémentaire.
Sans dévoiler l’intégralité des résultats, puisque ceux-ci seront publiés en fin d’année, pouvez-nous néanmoins indiquer ceux qui vous semblent le plus remarquables ?
F. D. : Les chiffres concernant la mise en place d’actions de prévention dans l’entreprise m’ont surpris, car ils révèlent plus qu’une appétence, une véritable demande adressée à l’employeur d’agir sur les déterminants de santé des collaborateurs. Et plus surprenant encore sont les résultats côté employeurs : eux aussi jugent néces- saire de travailler à améliorer la santé de leurs employés. Nous ne nous attendions pas à une telle convergence d’intérêts, même si nos études montrent, par ailleurs, que la santé est devenue, depuis le Covid, une préoccupation majeure des Français. À l’inverse, la situation est bien différente concernant les aidants. Et c’est mon autre sujet d’étonnement ! Il existe une véritable demande de la part des salariés concernés pour des garanties financières et des services d’accompagnement du quotidien. En revanche, les entreprises sont peu nombreuses à avoir intégré des contrats de ce type et encore moins nombreuses à envisager de le faire. À l’heure de l’augmentation du nombre de travailleurs seniors et de l’arrivée à l’âge de la dépendance des baby-boomers, sans compter la perspective du recul de l’âge de la retraite, ces résultats m’ont un peu interpellé. Il est possible que les entreprises hésitent à intervenir dans ce domaine par peur d’interférer dans la vie privée des collaborateurs.
Ce baromètre porte également sur l’aspect collectif et paritaire de la protection sociale complémentaire, un champ méconnu le plus souvent, le confirmez-vous ?
F. D. : L’aspect collectif n’est pas méconnu. D’ailleurs, salariés et employeurs partagent le constat que la négociation de branche est un excellent moyen de mettre en place des garanties qualitatives en santé et en prévoyance. Mais la gestion paritaire de ces garanties est un peu moins bien identifiée par les salariés que les entre- prises. C’est d’autant plus dommage que, lorsqu’elle l’est, elle est bien perçue par les deux. Et semble même être plébiscitée par les grandes entreprises ! Nous vérifierons cela dans deux ans, lors de la prochaine édition du baromètre.
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Cet article fait partie du numéro 79 de Prévoyance, le magazine trimestriel du CTIP. Il existe en version papier et en version newsletter. S’abonner en cliquant ci-dessous.
